Qu’est-ce que la rosacée ? Caractéristiques et symptômes
La rosacée ou couperose est considérée comme une dermatose inflammatoire chronique qui affecte principalement la peau du visage mais peut aussi toucher les yeux. Elle se caractérise par la présence de érythèmes faciaux persistants avec ou sans œdème, des épisodes transitoires de rougeur, rougeurs, télangiectasies (capillaires dilatés, facilement visibles), et même papules et pustules (petits boutons). Cette pathologie est également appelée acné rosacée, car les papules et pustules rappellent celles de l’acné chez les adolescents, bien que dans ce cas il n’y ait pas de comédons. De nombreux patients atteints de rosacée souffrent aussi de sécheresse et d’irritation des yeux et des paupières, ce que l’on appelle rosacée oculaire. Chez certaines personnes, les symptômes oculaires précèdent les signes cutanés et sont souvent très gênants et invalidants (1)(2). La rosacée peut être confondue avec l’acné, la dermatite ou une peau sensible. Il est donc très important que cette affection soit diagnostiquée et traitée par un dermatologue afin d’appliquer le traitement adéquat et de contrôler la symptomatologie. Quatre types de rosacée ont été identifiés, chacun avec ses propres symptômes (1)(2) :Rosacée érythémato-télangiectasique
C’est le type de rosacée le plus courant. Le symptôme le plus caractéristique est l’apparition de rougeurs sur le visage, notamment au niveau des joues et du menton. La peau est enflammée et très sensible au toucher, elle peut donc être douloureuse et présenter des sensations de brûlure.Rosacée papulo-pustuleuse
Dans ce cas, la rosacée s’accompagne de boutons, donnant l’apparence de l’acné. Les rougeurs sont toujours présentes mais moins intenses que dans le cas précédent. Elle touche le visage mais aussi le cou et le décolleté.Rosacée phymateuse
Dans ce type de rosacée, il y a un épaississement progressif des zones cutanées touchées (nez et joues) en raison d’une inflammation des glandes sébacées. En cas de rosacée phymateuse, la peau apparaît rugueuse, avec des vaisseaux capillaires rompus, des nodules internes et des pores très dilatés.Rosacée oculaire
Elle affecte les paupières, les cils et les yeux, et parfois elle est associée à une rosacée du visage. De gros vaisseaux sanguins peuvent apparaître au niveau du globe oculaire, provoquant des démangeaisons, des larmoiements et des sensations de brûlure, ainsi qu’une inflammation des paupières et des orgelets.Causes de la rosacée
La pathogénie de la rosacée n’est pas totalement élucidée, mais on pense que des facteurs tels que la génétique, la dérégulation neurovasculaire, les facteurs immunitaires et environnementaux jouent un rôle clé dans le déclenchement de cette pathologie. Une étude génomique réalisée chez des patients européens atteints de rosacée a déterminé l’existence de deux polymorphismes mononucléotidiques chez ces individus, ce qui suggère que certains gènes ont une prédisposition au développement de la rosacée (3). Il a également été démontré que la dérégulation immunitaire est un élément clé dans la pathogénie de la rosacée. Dans ce type d’affection, on observe des niveaux élevés de cytokines et de peptides antimicrobiens tels que le LL-37, qui est exprimé de façon constitutive dans les neutrophiles, les mastocytes, les macrophages et les monocytes (cellules impliquées dans la réponse innée du système immunitaire). Chez les personnes atteintes de rosacée, le LL-37 est exprimé à des niveaux plus élevés et est transformé en fragments plus courts. Ces fragments de LL-37 possèdent des propriétés antimicrobiennes et d’activation immunitaire. On a observé que chez les souris, l’injection de fragments de LL-37 provoque érythème, dilatation vasculaire, rougeur et télangiectasies, symptômes caractéristiques de la rosacée. De plus, il est probable que les mastocytes jouent un rôle clé dans la pathogénie de la rosacée. Le LL-37, sécrété par les mastocytes, influence leur activité en induisant la chimiotaxie, la dégranulation et la libération de cytokines pro-inflammatoires. Dans une étude sur modèle murin, l’injection de LL-37 chez des souris dépourvues de mastocytes n’a pas provoqué d’inflammation. Lorsque les souris ont été reconstituées avec des mastocytes, l’injection de LL-37 a produit une inflammation, ce qui suggère que les mastocytes favorisent l’état inflammatoire de la rosacée (3). Les canaux cationiques du récepteur potentiel transitoire (TRP), qui sont exprimés largement dans les cellules neuronales et non neuronales telles que les kératinocytes et les cellules endothéliales ont permis de mieux comprendre la pathogénie de la rosacée. L’activation des TRP entraîne la libération de médiateurs de l’inflammation neurogène et de la douleur, tels que la substance P et le peptide lié au gène de la calcitonine. Ces neuropeptides vasorégulateurs sont des médiateurs critiques qui induisent la rougeur persistante caractéristique de la rosacée. L’expression de ces récepteurs est augmentée dans la peau des patients atteints de rosacée, ce qui expliquerait la sensibilité de cette peau aux facteurs externes comme la chaleur, l’alcool, les parfums et les extraits de plantes qui activent ces canaux et provoquent l’apparition des symptômes (3). Enfin, il est établi que les facteurs environnementaux tels que la radiation ultraviolette sont parmi les principaux déclencheurs de la rosacée, car ils peuvent provoquer des rougeurs et aggraver les symptômes. L’exposition aux rayons UVA entraîne une dégénérescence du collagène dermique, fréquemment observée dans la peau atteinte de rosacée. De plus, cette affection se caractérise par une accumulation élevée d’espèces réactives de l’oxygène (ROS) qui stimulent la production de médiateurs inflammatoires par les kératinocytes et les fibroblastes, donnant lieu aux rougeurs et aux autres symptômes caractéristiques (3).Comment prendre soin de la peau avec rosacée ?
Pour prévenir l’apparition de la rosacée, il convient avant tout d’éviter les facteurs déclenchants et d’adopter une routine de soins adaptée : 1- Nettoyage adapté Une bonne hygiène de la peau est essentielle en utilisant des nettoyants doux et spécifiquement formulés pour les peaux sensibles et à tendance rosacée. On peut utiliser des eaux micellaires, des laits démaquillants et des eaux thermales, en évitant toujours les savons et les agents abrasifs. Ces produits doivent contenir des actifs apaisants et hydratants et il est très important qu’ils n’exigent pas de rinçage à l’eau, afin d’éviter une aggravation des symptômes. 2- Bonne hydratation Après le nettoyage, il est impératif d’assurer une bonne hydratation. Il est essentiel d’utiliser des produits hydratants et apaisants, en lotions ou en crèmes, qui contiennent également des propriétés vasculoprotectrices pour améliorer la circulation locale et réduire la sensation de brûlure et de démangeaison. 3- Ne pas utiliser d’exfoliants ou de peelings chimiques Il faut éviter d’exfolier la peau avec des produits chimiques ou de réaliser des peelings car cela aggraverait les symptômes. Si nécessaire, on peut opter pour des exfoliants enzymatiques, plus doux et moins agressifs pour les peaux fragiles. 4- Toujours utiliser une photoprotection Après la routine cosmétique, il est très important d’appliquer une protection solaire à indice élevé, au minimum SPF 30 et idéalement jusqu’à 50. Cela permet d’atténuer l’effet des rayons UVA et UVB sur la peau et de limiter l’apparition des lésions. Il faut toujours éviter l’exposition solaire excessive et les heures centrales de la journée. 5- Éviter le stress Il est démontré que la rosacée comporte une dimension émotionnelle. Éviter le stress ou les émotions intenses est essentiel pour prévenir les symptômes. Il est conseillé de pratiquer la méditation et des exercices de relaxation pour maintenir un équilibre émotionnel, et surtout de dormir suffisamment la nuit. 6- Modérer la consommation d’alcool et d’aliments épicés La consommation d’aliments épicés ou très relevés peut provoquer une dilatation des vaisseaux sanguins et l’apparition des télangiectasies. L’alcool provoque aussi une vasodilatation capillaire et des rougeurs. Il est donc très important d’éviter ce type d’aliments et de boissons et de privilégier une alimentation équilibrée, riche en vitamines et minéraux.
Le CBD peut-il être utile pour traiter la rosacée ? Quelles sont les preuves de son efficacité ?
On sait déjà que la rosacée est une affection d’origine inflammatoire produisant principalement des symptômes comme l’érythème, la rougeur, la sensation de brûlure et les télangiectasies, entre autres. Le cannabidiol (CBD) a démontré des effets anti-inflammatoires et apaisants sur la peau, il pourrait donc être très utile pour traiter cette pathologie. Le CBD agit via le système endocannabinoïde (SEC) présent dans notre organisme. Ce système est composé de récepteurs endocannabinoïdes qui réagissent au CBD ; en cas de déséquilibre, cet actif pourrait rétablir l’équilibre par différents mécanismes d’action : 1- Effet anti-inflammatoire On sait que la liaison du CBD aux récepteurs endocannabinoïdes du SEC réduit les marqueurs inflammatoires et inhibe l’ensemble du processus inflammatoire associé à cette affection. Les études cliniques ont confirmé que l’activation du récepteur endocannabinoïde CB2 entraîne une diminution des niveaux de ROS (espèces réactives de l’oxygène) et de TNF-?, ce qui réduit le stress oxydatif et l’inflammation. Il a donc été suggéré que le CBD peut indirectement améliorer les effets anti-inflammatoires. De plus, il a été démontré que le cannabidiol réduit les niveaux de cytokines pro-inflammatoires, inhibe la prolifération des cellules T et diminue la migration et l’adhésion des cellules immunitaires. Ainsi, des symptômes tels que les érythèmes ou les rougeurs peuvent diminuer significativement avec l’application topique de cet actif (4)(5)(6). 2- Effet apaisant et anti-démangeaisons Les expériences menées sur différents modèles de maladies cutanées montrent que la modulation individuelle des canaux CB1, CB2 ou TRP réduit le prurit. Ces effets antiprurigineux s’exercent au niveau central et périphérique. Dans le SNC, les effets antiprurigineux sont principalement médiés par les récepteurs CB1, ce qui est cohérent avec leur rôle de principal récepteur cannabinoïde central. En périphérie, l’activité des récepteurs CB1 et CB2 induit une analgésie, procurant également un effet apaisant. L’inflammation cutanée est l’un des principaux facteurs contribuant à la pathogénie du prurit, en raison de l’action de facteurs inflammatoires locaux comme l’histamine, les cytokines et les neuropeptides agissant comme pruritogènes. Le CB2 est largement exprimé dans les cellules immunitaires périphériques et la majorité des études montrent que la liaison du CBD aux récepteurs CB2 diminue l’inflammation, réduisant ainsi nettement le prurit associé à la rosacée (7). 3- Effet anxiolytique L’anxiété et le stress peuvent déclencher la rosacée, il est donc très important de contrôler ces symptômes pour éviter l’apparition continue de poussées. Le cannabidiol exerce un effet anxiolytique sur l’organisme en se liant aux récepteurs CB1 et CB2 du SEC, où il régule les niveaux de dopamine et équilibre notre état émotionnel. De plus, il est capable d’équilibrer les taux plasmatiques d’hormones comme le cortisol, qui participent à la réponse au stress, et protège ainsi les cellules de l’organisme contre d’éventuels dommages tissulaires et organiques (8)(9). 4- Comment utiliser le CBD pour traiter la rosacée ? Comme mentionné précédemment, les causes d’apparition de la rosacée ne sont pas totalement élucidées, mais on sait que certains facteurs sont responsables de sa pathogénie, d’où l’importance de contrôler ces facteurs et de traiter les symptômes. La peau possède des récepteurs endocannabinoïdes auxquels le CBD se lie pour exercer ses fonctions régulatrices. Pour les symptômes cutanés, le cannabidiol peut être utilisé en crème ou en huile, permettant ainsi de réduire les rougeurs, les télangiectasies et les démangeaisons. Par ailleurs, le CBD est un excellent allié pour réduire l’anxiété et le stress ; administré par voie sublinguale, il aide à équilibrer l’état émotionnel et à prévenir la rosacée Bibliographie :- https://medlineplus.gov/spanish/rosacea.html
- https://www.mayoclinic.org/es-es/diseases-conditions/rosacea/symptoms-causes
- Christine S. A. et William W. H.(2017). Rosacea Pathogenesis. Dermatol Clin, 36(2), 81-86.
- Costache, Daniel Octavian, Constantin, Carolina, Calina, Daniela, Caruntu, Constantin, Costache, Raluca Simona, Caruntu, Ana (2020). Cannabinoids in the Pathophysiology of Skin Inflammation. Molecules, 25(3), 652–.
- Atalay S., Jarocka?Karpowicz I. et Skrzydlewska E.(2020). Antioxidative and Anti?Inflammatory Properties of Cannabidiol. Antioxidants, 9, 21.
- Muñoz, E. Cannabinoids and Inflammatory Skin Diseases. Fundación Canna
- Avila C, Massick S, Kaffenberger BH, Kwatra SG, Bechtel M, Cannabinoids for the Treatment of Chronic Pruritus: A Review, Journal of the American Academy of Dermatology (2020), doi: https://doi.org/10.1016/j.jaad.2020.01.036.
- Bih, C.I.; Chen, T.; Nunn, A.V.W.; Bazelot, M.; Dallas, M.; Whalley, B.J. (2015). Molecular targets of cannabidiol in neurological disorders. Neurotherapeutics, 21(23), 699-730.
- Sallaberry, C.A., & Astern, L. (2018). The Endocannabinoid System, Our Universal Regulator. Journal of Young Investigators, 34.
